Bruno Randoin, médecin à Clermont-Ferrand, est retrouvé mort dans son cabinet. Apparemment il s’agit d’un suicide, mais son épouse n’y croit pas et demande à Me Pauline Vogel de découvrir la vérité. D’abord réticente, l’avocate accepte et s’adjoint la collaboration d’Antoine, un ancien policier. La juge Laurence Le Vigan se propose de les seconder. Cette nouvelle affaire sera peut-être l’occasion pour les deux femmes de se rapprocher, à moins qu’Antoine ne vienne jouer les trouble-fêtes… Cette seconde enquête de Pauline Vogel fait suite à l’histoire lesbienne La table du mort.
Editions KTM, septembre 2005.
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» » (…) — Mon mari est médecin… était médecin. Bruno Randoin. Il exerçait à Clermont. Il… Nous étions heureux, enfin, autant qu’on pouvait l’être. Un matin, il y a six mois, à peu près… le 14 juin, je suis entrée dans son cabinet, je… l’ai trouvé couché sur son bureau, la tête sur la table, le bras droit plié devant la tête, un revolver à la main. Il était mort… Il y avait du sang partout… il avait un gros trou dans la tête. Sur le côté droit. Mort… Mon Dieu ! Elle se remet à pleurer. Elle reprend un mouchoir. Je n’ai pas dit un mot depuis cinq bonnes minutes. Adossée à mon fauteuil, le bras appuyé coude sur l’accoudoir, la main sur la joue, je pense : « Bon, ça ressemble à un suicide et elle n’y croit pas. La question est : pourquoi n’y croit-elle pas ? » Mes doigts lissent mon menton comme si j’avais une barbe. Je croise le regard étonné de Mme Randoin, qui me fait prendre conscience de mon geste. Je pose la question :
— Pourquoi ne croyez-vous pas au suicide de votre mari ? (…) » *
» (…) Elle cherche mon regard, ne le lâche plus dès lors qu’elle l’a trouvé. Ses yeux brillent d’un éclat très particulier et envoûtant. Elle se redresse, m’enlace fougueusement et dit d’une voix un peu altérée par l’excitation :
— Allons dans la chambre, on sera mieux.
Prenant ma main, elle m’entraîne dans le vestibule, la chambre est à deux pas, elle plonge sur le lit, me tirant avec elle, nous nous écroulons lourdement, les bras et les jambes emmêlés. Elle éclate d’un rire gai et frais qui me va droit au cœur.
La couette est moelleuse et accueillante. Je ne vois rien d’autre que les courbes de son corps et la promesse de son sourire. Elle reprend ses caresses voluptueuses et sensuelles. Pas de précipitation, de la douceur, de l’attention. Cette fille me plaît. Les scrupules et les dernières traces de sagesse et d’inquiétude qui m’étreignaient volent en éclats. Je me laisse entraîner, grisée par cette perspective d’une nuit chaude et passionnée. (…) » *
» (…) Les minauderies de Laurence devant un Antoine porté aux nues, les sourires provocateurs, charmeurs, ces petits gestes sensuels, gratuits et déplacés qui ont le don de me coller les nerfs en boule. Une hétéro de base qui se pâme devant le mâle, sûr de son charme. Il va la séduire, c’est une certitude. Est-elle donc si facile à conquérir ? Le premier homme acceptable, voire plus, déployant la panoplie du grand séducteur, n’a-t-il, en fin de compte, qu’à claquer des doigts, pour se faire aimer ? Pourquoi m’étais-je donc persuadée, que Laurence, s’épanouirait dans l’adversité, dans la difficulté, d’une relation compliquée à gérer et à assumer ? Parce que ce n’est pas de toi dont elle est amoureuse, à l’instant présent, me souffle le côté obscur de la force. Tu as échoué… Pourquoi ai-je donc senti tant de signaux, des petites impressions, qui, mises bout à bout, m’ont conduite à penser qu’elle tomberait amoureuse de moi, malgré l’obstacle majeur que je sois une femme ? Elle n’est pas lesbienne, ni même bisexuelle, elle est, il faut m’en convaincre, et je m’en suis convaincue, de toute évidence hétérosexuelle. Mon sixième sens de goudou, je peux le jeter à la poubelle et fermer mon cabinet de voyance. (…) «
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